Me voilà maintenant de retour en France, après un an d’aventures. 365 jours de joies, de magnifiques paysages, de gens remarquables, de belles randonnées, mais aussi de quelques rares déceptions.
Je vais faire un bilan de cette dernière année afin de voir les choses à faire ou à ne pas faire dans une telle aventure, donner quelques bonnes adresses et bons plans, déterminer le coût total du voyage, et bien sûr parler de ce concept nouveau pour la France mais en place depuis longtemps en Nouvelle-Zélande, le « Woofing ».
Pour commencer, pourquoi suis-je parti ? Et pourquoi si loin, de l’autre côté du globe ? Ce fut mon premier « vrai » voyage (je ne compte pas les voyages scolaires et mon stage en entreprise que j’avais fait au Québec). Je ne connaissais strictement personne en Nouvelle-Zélande, pas plus que je ne connaissais qui que ce soit qui y soit allé. Je ne connaissais pas vraiment ce pays non plus, et je n’en avais jamais entendu parler si ce n’est que pour des vagues histoires de Rainbow Warrior. Bref, rien ne me destinait à y aller et y rester un an. Oui mais voilà, ayant fini mon BTS en Systèmes Constructifs Bois et Habitats, je ressentais une terrible envie de m’évader. J’ai toujours été attiré par les voyages, par de nouveaux paysages, par la curiosité de savoir comment ça se passe dans les autres pays. Je me suis dit que j’aurais meilleur temps de le faire tant que je n’ai pas de réelle attache en France, pas de travail, pas d’enfant, etc. Et comme j’aime bien joindre l’utile à l’agréable, je voulais en profiter pour apprendre l’Anglais. Alors mon choix se dirigeait vers un pays anglophone. Et pour moi, « s’évader » rythme avec « loin », c’est pourquoi que j’ai d’emblée éliminé l’Europe. Ensuite il restait le Canada (j’y suis allé pour mon stage de BTS), les Etats-Unis (pas très attiré pour l’instant), l’Afrique du Sud (trop dangereux), l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ces deux pays avaient l’air très intéressants, mais l’Australie semblait un peu trop aride pour moi et trop grand à visiter. C’est alors que mon choix c’est naturellement porté sur la Nouvelle-Zélande. Ayant fini avec succès mon BTS fin juin 2007 et réservé le billet pour le 13 Novembre, j’ai travaillé en intérim durant ces 4 mois pour financer ce futur voyage. Cet argent, plus mes économies faites durant les vacances scolaires depuis que j’ai 18 ans, faisaient un bon pécule pour être à l’abri pendant un an complet.
Mon projet était d’acheter un van et voyager d’un endroit à l’autre en dormant et mangeant dans le van. Je m’étais tout de même inscrit sur un site de « Woofing » que j’avais trouvé en fouillant sur internet avant de partir, au cas où je veuille en faire. Bien sûr vous avez remarqué que les choses ont très vite changées…
Tout d’abord, un voyage comme celui-ci se prépare. J’ai vu trop de voyageurs qui sont partis en Nouvelle-Zélande, pour une durée plus au moins longue, sans vraiment prendre le temps de préparer le voyage avant de partir. Une fois sur place, c’est trop tard. Il ne faut pas se dire « je réglerai cette petite formalité sur place » ou « j’aurai bien le temps de faire ceci quand je serai là-bas ». On ne sait jamais ce qui peut se passer, surtout dans un nouveau pays, et pire encore si on ne parle pas la langue. Il vaut mieux en faire trop que pas assez, et ainsi passer un bon séjour sans se soucier de quoi que ce soit si ce n’est profiter de ses vacances en toute quiétude. Prenez l’exemple de l’assurance auto : si c’est pour la Nouvelle-Zélande, il est possible de s’assurer depuis la France sans connaître le véhicule que l’on va acquérir puisque le tarif dépend du conducteur et pas du véhicule. Cependant, pour profiter de prix plus avantageux, je voulais m’assurer depuis la NZ chez un assureur local. Mais avant même de prendre l’avion, ayant fait des recherches sur internet, je savais déjà chez quel assureur aller, quels papiers fournir, etc. Alors que dans l’île du Nord, j’ai rencontré un couple qui voyageait en van, et ne s’était pas soucié de l’assurance avant de partir pensant le faire en arrivant au pays. Résultat, après plus d’un mois de voyage, ils n’avaient toujours pas d’assurance et ne savaient même pas où aller ou comment faire pour s’assurer. Ils auraient largement eu le temps d’avoir un accident, surtout que la conduite se fait à gauche. Bien que l’assurance automobile ne soit pas obligatoire en NZ, il faut tout de même prévoir un budget annuel d’environ 150€. Le site des frogs (www.frogs-in-nz.fr) propose également de bons tarifs. Autre exemple : la quasi-totalité des voyageurs que j’ai rencontrés payaient des frais à chaque fois qu’ils retiraient de l’argent, alors qu’ils auraient facilement pu les éviter. En faisant des recherches avant de partir, j’ai remarqué que la plupart des banques ont des partenariats avec d’autres banques à l’étranger. J’ai donc ouvert un compte à la BNP, qui a des accorts avec la Westpac en NZ, ce qui implique que je pouvais virer de l’argent depuis mon compte Français vers le compte en NZ, sans frais. Je pouvais également retirer de l’argent directement sur mon compte Français sans aucun frais, avec un plafond de 500€ par semaine, ce qui est largement suffisant.
Pour en revenir à l’assurance, il est également très important d’être couvert pour sa santé et tous les aléas de la vie courante. Une mauvaise grippe, une entorse, ou pire encore une fracture, sont très vite arrivés, ne préviennent pas et surtout n’épargne personne. Et les frais médicaux peuvent très facilement se chiffrer en dizaines de milliers ! Pour ma part, j’ai souscrit à une assurance complète depuis le site des frogs, qui m’a coûté 561€. Et j’en ai eu besoin dés le premier jour en NZ ! En effet, j’ai été couvert à hauteur de NZ$1000, soit environ 500€, pour racheter des affaires lorsque la compagnie aérienne m’avait perdu ma valise. D’où l’importance (autre que l’assurance) de prévoir un change complet dans son bagage à main ! Sont aussi pris en charge le rapatriement pour accident, maladie, décès dans la famille etc…
En parlant des compagnies aériennes, j’ai personnellement voyagé avec Cathay Pacific, qui fut élue meilleure compagnie aérienne de l’année 2007. Bien que beaucoup de monde dise du bien de cette compagnie, cela ne m’a pas du tout guidé dans mon choix. Mon critère premier était en effet le prix. J’ai ainsi commandé mon billet d’avion sur le site internet www.nzvoyages.com. J’en ai eu pour 990€ aller-retour, avec 7kg en bagage à main et 30kg en soute au lieu de 20kg. Concernant les différentes compagnies aériennes, je pense qu’elles se valent toutes plus ou moins. Tous les voyageurs que j’ai rencontrés étaient tous contents de leur compagnie respective. Alors je dirais que le choix se fait en fonction du prix de la date à laquelle vous voulez voyager.
Pour pouvoir partir, comme je l’expliquais dans mon deuxième article, il faut se munir du passeport électronique, d’un visa, d’une carte d’identité valide toute la durée du séjour, du permis de conduire international (si l’on veut conduire), d’une preuve justifiant de 2100€ sur son compte et, bien que optionnelle mais vivement conseillé, une assurance. Concernant le visa, j’ai pris le VVT (Visa Vacance Travail), qui permet de rester un an dans le pays sans pour autant travailler. Ce visa est réservé pour les moins de 30 ans, n’est disponible qu’une seule fois par pays, et uniquement dans certains pays. Si c’est pour rester moins de trois mois et en tant que touriste (sans travailler), dans ce cas, pas besoin de visa.
Pour les personnes qui veulent partir un an dans un pays étranger, je leur conseillerais de faire l’inverse de ce que j’ai fait : arriver dans le pays pour l’hiver. En effet, le temps de s’habituer à toutes les différences que l’on peut trouver dans un nouveau pays, on ne profite pas pleinement des premières semaines, ou premiers mois. Il est alors plus judicieux de sacrifier l’hiver comme temps d’adaptation et ainsi réservé l’été pour la fin du séjour lorsque l’on est complètement immergé et intégré dans ce nouveau mode de vie. Dans le cas précis de la Nouvelle-Zélande, je trouve qu’il est plus astucieux de passer l’hiver dans l’île du Nord qui sera tout de même relativement tempéré sans trop de pluie (suivant où vous vous trouvez), et de passer l’été dans l’île du Sud qui sera alors ensoleillé sans pour autant qu’il fasse trop chaud. Bien sûr après cela dépend des goûts de chacun, certains préférant par exemple être dans l’île du Sud en hiver pour profiter des pistes de ski.
Encore un exemple qu’il ne faut pas suivre : acheter sa voiture depuis la France. C’est ce que j’ai fait, et vous avez bien vu que cela ne m’a pas réussi. Bien qu’étant des amis voyageurs et compatriotes Français, ça ne les a pas empêché de m’arnaquer… Attendez plutôt d’être sur place pour lire les annonces des journaux ou les annonces à l’entrée des magasins ou des backpackers, et vous êtes sûr de trouver ce que vous cherchez assez rapidement. Moi j’ai acheté la voiture sur le site internet www.trademe.co.nz qui est le eBay local et principal site de vente du pays. Sinon, si vous êtes prêt à payer un peu plus cher, vous pouvez même aller faire les concessionnaires auto, ce n’est pas ce qui manque en NZ. Mais en règle générale, en NZ, il n’y a pas à se faire de soucis lorsque l’on achète un véhicule à un particulier car les gens sont honnêtes. Ce que vous devez absolument éviter, c’est aller au « backpacker car market ». Il y en a un à Auckland et un à Christchurch. Ce sont des marchés du véhicule où tous les touristes partants vendent leurs véhicules aux touristes arrivants. Mais outre le fait que l’on n’est jamais sûr de pouvoir faire confiance à un touriste dont le seul souci est de vendre le véhicule avant de partir, il y a aussi quelques garagistes peu scrupuleux vendent des véhicules en mauvais état achetés précédemment pour une bouchée de pain à des touristes, mettent l’étiquette du WOF dessus, et le revende sur ce fameux marché prétextant que le véhicule est en très bon état. C’est une pratique connue, et j’ai moi-même rencontré plusieurs personnes qui se sont fait avoir de cette façon.
En ce qui concerne le travail, il est relativement aisé d’en trouver pour un voyageur. Peut-être moins pendant l’hiver, mais en été, vous êtes sûr de trouver quelque chose. Il y a en effet énormément de travail saisonnier en NZ, ramasser les fruits principalement. Les prix varient en fonction de la période de l’année, du fruit que vous cueillez, et de votre rapidité (car vous êtes payez au poids ou à la cagette). Je n’ai jamais fait ce genre de travail, mais j’ai eu plusieurs échos comme quoi on peut espérer gagner, en moyenne, entre 60 et 80 dollars par jours. Ce n’est pas énorme… Par contre il est également possible de travailler « au black », comme partout. On m’a proposé du travail à deux reprises (sans que je demande), où j’ai respectivement été payé $15 et $20 de l’heure.
Le coût de la vie est légèrement moins élevé qu’en France, par contre les salaires sont également plus bas. Paradoxalement, bien que la Nouvelle-Zélande produise énormément de lait, tous les produits laitiers sont hors de prix car ils exportent tout vers la Chine. Pour preuve, beaucoup de fermes de moutons se convertissent en fermes laitières car la viande et la laine de mouton se vendent de moins en moins chère, alors que le prix du lait est au mieux de sa forme.
Willing Workers On Organic Farms. C’est la signification de l’abréviation “WWOOF”, d’où woofing (je devrais en fait dire wwoofing). En Français, cela signifie « travailleurs volontaires dans des fermes bio ». C’est un mouvement qui est né en Angleterre, mais qui est maintenant très populaire en Australie et surtout en NZ. Le principe est de vivre dans une ferme aux principes biologiques, donc immergé au sein de la population locale, travaillant quelques heures par jour en échange des repas et de l’hébergement, apprenant ainsi les principes l’agriculture biologique. Le site internet est www.wwoof.co.nz ou www.wwoof.fr pour la France. En étant membre de cette organisation, on reçoit un livre listant toutes les familles qui sont inscrites, proposant d’accueillir un ou plusieurs woofeurs. A l’aide de ce livre, ou à travers le site internet, le woofeur a alors la possibilité de choisir et contacter ces familles suivant leurs descriptions. Ensuite, un système d’appréciations permet aux woofeurs et aux familles d’orienter un peu plus leurs choix. Le woofeur a également la possibilité de remplir son profil, indiquant entre autre ses compétences et le genre de travail dont il serait intéressé de faire. Ainsi, les familles qui ont besoin de quelqu’un pour réaliser un travail plus spécifique peuvent directement faire la démarche de demander au woofeur ciblé s’il serait intéressé de venir chez eux. Pour ma part, je n’étais pas membre de cette organisation. En fait, il en existe deux : celle que je viens de nommer et www.helpx.net. Cette dernière, dont je suis membre, à l’instar du wwoofing à proprement parler, s’adresse à tout le monde, ayant des principes biologiques ou pas. Je pense que c’est plus intéressant dans le sens où le « helpeur » (et non woofeur) a la possibilité d’expérimenter tous les modes de vie différents, non pas uniquement dans des fermes d’agriculture biologique. C’est, selon moi, la meilleure façon de découvrir un pays, plutôt que d’être un vrai touriste parmi tant d’autres, ne voyant du pays que ce que les guides touristiques proposent, déboursant à chaque attraction, au risque d’être déçu. Pendant un an, je ne me considérais pas comme un touriste. Etant pris à part entière dans la famille, considéré comme un membre de la famille, on se sent presque citoyen du pays que l’on visite. On a l’opportunité de vivre au rythme des locaux, que l’on apprend à connaître, dans des endroits des plus reculés, partageant leur quotidien, leurs activités personnelles, culturelles, leurs habitudes alimentaires, voire même leurs vacances ! Autant de privilèges auxquels un touriste n’a pas accès. Par exemple, durant cette année et avec les locaux, j’ai fait du kayak avec les dauphins, otaries et petit manchots bleus, j’ai vu les rares pingouins à œil jaune à seulement quelques cm de moi, j’ai fait des randonnées dans la jungle avec explications complètes, j’ai chassé le cerf et l’opossum, j’ai appris tous ce que l’on peut manger que la nature nous offre, j’ai aussi eu le droit à toutes les spécialités culinaires Néo-Zélandaises, je suis allé faire de la pêche en mer, du cheval au bord de la plage, j’ai joué les chercheurs d’or, etc etc. Je ne vais pas tout lister sinon j’ai de quoi rempli une page complète.
Et c’est sans compter tout ce que j’ai appris en travaillant. Presque tout était nouveau pour moi. Par exemple, j’ai travaillé dans une ferme bio, mais j’ai aussi construit un mobile home en bois (sur roue !), construit une poubelle à compost et une aire de jeu pour enfants avec des matériaux de récupération, travaillé en mer sur des lignes à moules, j’ai fait le fermier dans les fermes de moutons ou de taureaux à changer les taureaux de pré à dos de cheval, j’ai aussi fait de multiples petits travaux de construction ou réparation, etc. La liste n’est pas exhaustive. C’est donc là où se démarque « helpx » du wwoofing : la diversité du travail. Car il faut l’avouer, dans une ferme bio, la majorité du travail consiste malheureusement à désherber à la main. De mon expérience personnelle, je suis très satisfait du « woofing » que j’ai fait. Sur les 19 différentes familles où je suis allé, il n’y en a que 2 où je ne me suis pas vraiment senti à l’aise. Le plus souvent, les gens étaient tellement généreux et aux petits soins, que s’en était presque gênant.
De retour en France, j’ai beaucoup de contacts dans mon carnet d’adresses que je peux aller visiter lors de mon prochain voyage en NZ. Pas en tant que woofer, mais cette fois comme un ami de la famille. C’est là un double intérêt du woofing : c’est intéressant pour le woofeur qui lie des liens d’amitié avec les familles rencontrées, mais c’est aussi intéressant pour la famille, qui laisse le voyage venir à eux en accueillant des personnes venant du monde entier, et qui à leurs tours, récoltent des adresses où rester pour un éventuel voyage à l’étranger.
Je vais maintenant parler du coût total de mon voyage. J’ai donc payé mon billet d’avion 990€, et l’assurance santé 561€. Ajouté à cela les 4300€ dépensés au court de l’année, ça revient au coût total d’environ 5850€, malgré les problèmes rencontrés avec le van. Bref, moins de 6000€ pour l’année que j’ai passée, je trouve ça bon marché. Surtout que je ne me suis jamais vraiment privé, j’ai fait tout ce que je voulais faire et je me suis fait plaisir.
Voilà pour les infos pratiques… Maintenant, qu’est-ce que moi j’en pense, de mon voyage ? Il me semble que vous avez déjà une petite idée sur le sujet ! Bien entendu j’en suis très content. Il m’a énormément apporté. Déjà, je suis plus débrouillard. J’ai aussi acquis beaucoup de connaissances dans beaucoup de domaines différents. Ensuite, j’ai également évolué sur le plan humain. Désormais je pense différemment, j’ai un autre état d’esprit, je suis plus tolérant, et je vois certaines choses d’un angle plus large. En fait, ce voyage m’a enlevé, ou au moins écarté, mes œillères. Des regrets ? Je n’en ai pas. Je ne regrette absolument rien. Tout ce qui m’est arrivé m’a permis d’avancer, d’apprendre, et de tirer des conclusions. Si ce voyage était à refaire, je le referais sensiblement de la même façon.
Ce fut tout simplement une énorme aventure humaine…
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